La Directrice de la Police est la première à faire état d’une dénonciation relayée par des lanceurs d’alerte : un inconnu du nom d’Eon prépare une dizaine d’enlèvements de personnalités dans le monde, pour des rançons payées par cagnottes. Bientôt, Gauthier provoque une réunion avec des représentants de la police, de la gendarmerie, de la DGSI, d’Interpol. Léo est là comme consultant.

Il part le lendemain pour sa maison dans le Doubs avec Maudline et Jeanne, mais Gauthier le relance pour qu’il aille rechercher près de Montpellier l’informaticien Rambeau, directeur d’un site de contact sur internet. Léo doit faire équipe avec Eva, une fille d’Interpol.

Mais ils sont suivis et sauvent Rambeau de justesse. Ils rallient la banlieue parisienne par des bus régionaux et se cachent dans un HLM rénové. Ils entament une recherche sur le net et le dark net, mais ont dû encore une fois être dénoncés. Leurs assaillants sont nombreux et bien armés. Rambeau est tué alors qu’il était sur le point de trouver des indices cruciaux sur l’organisateur des futurs enlèvements.

Léo se dégage de l’affaire et se retire dans une maison près de Tours. Le confinement le surprend là, et les semaines passent. C’est Maudline qui vient le chercher, pour qu’il reprenne l’enquête.

Ils trouvent un nouvel indice avec Eva, mais tout s’arrête quand ils apprennent que le futur kidnappeur est tout simplement mort du Covid au début de l’épidémie.

 

 

Troisième volet des aventures de Léo Getz, Dix Enlèvements reste inachevé. Rédigé "en temps réel", le roman a lui aussi été victime du Covid 19. Une autre histoire est possible, mais celle-ci se résume à ses 120 premières pages.

 

EXTRAIT

 

Une alerte retentit, sans doute celle de la voiture. Ils allaient d’abord dans l’autre bungalow.

– Vite !...

– Mon téléphone ?

– Je l’ai pris !

Rambeau regardait son espace de travail évacué, puis il attrapa dans le tiroir une pochette qui devait contenir ses papiers, ses cartes de crédit et de l’argent. Léo enfilait les anses de son sac refermé sur ses bras. Il empoigna le coude de Rambeau. Eva déverrouillait la porte de la véranda, derrière.

– On part en biais, dit-elle, qu’ils ne nous voient que le plus tard possible.

Léo avait le doigt enfoncé en permanence sur le bouton du talkie. Ils étaient maintenant dans des touffes d’herbe et dans du sable, la progression était plus difficile que sur la piste.

– On est sur la plage dans deux minutes, annonça Léo, et il ajouta : allez ! allez !...

Entraîné, poussé, Rambeau était bien obligé de suivre le rythme. Ils entendaient des cris derrière eux.

Léo relâcha le bouton à temps pour entendre :

– Je suis en place. Mais il y a des voitures qui arrivent.

– Où ça ?

– Sur la plage !

Ils franchirent une légère dune et la jeep était là, mais plus à droite. En les voyant, Maudline la fit virer et se dirigea vers eux. Il y avait trois voitures assez loin à gauche. On criait encore derrière eux. Un coup de feu retentit.

– Vite on monte ! dit Léo en empoignant un arceau au vol et en poussant l’informaticien.

Il se débarrassa de son sac et se jeta sur la banquette alors que la voiture redémarrait. Eva était montée à l’avant et regardait la vieille dame avec surprise. Maudline avait enfoncé une casquette sur sa tête et portait des lunettes-miroirs. Les trois voitures s’ébranlaient à gauche. Maudline était en petites vitesses et poussa jusqu’à la troisième mais, arrivée sur le sable humide, elle prit le risque de s’arrêter pour passer les grandes vitesses. Les poursuivants avaient deux berlines Audi qui n’étaient pas faites pour le sable, mais le troisième véhicule, un 4x4 Nissan, pouvait les rattraper. Maudline, calée dans son siège, poussait maintenant la jeep autant qu’elle le pouvait sur le sable. C’était comme si elle avait fait ça toute sa vie.

– Accrochez-vous !

Il y avait des passages caillouteux, des irrégularités, ils sautaient en l’air et Rambeau se cogna sur l’un des arceaux. Les berlines étaient distancées, mais la Nissan était derrière eux. Un homme passa un bras à la portière.

– Il a une arme ! cria Léo.

– Baissez-vous !

C’était Eva, qui se mit à genoux sur son siège et qui serrait l’appuie-tête avec son bras gauche. Elle avait une arme elle aussi. L’autre avait du mal à ajuster à cause des cahots. Voulait-il tirer sur la conductrice ou dans les pneus ? Eva avait choisi les pneus et tira deux coups brefs, et encore deux coups. Le Nissan tout à coup fut entraîné vers la droite et le conducteur tentait de corriger la dérive. Mais il faillit capoter et dut ralentir. Son pneu était tout mou sur la jante.

– Tu sais par où tu ressors ? demanda Léo.

– Oui !

Ils y étaient et Maudline s’arrêta à nouveau pour passer les petites vitesses. Le chemin qui menait à la plage était largement piétiné et le sable était mou. Maudline se mit à le remonter en faisant rugir son moteur, levant des gerbes de sable et obligeant un vieux couple matinal à s’écarter précipitamment. Plus loin, la piste était gravillonnée et il y avait ensuite un parking.

– Tout ça c’est de votre faute ! Tout ça c’est de votre faute ! se mit à crier l’informaticien.

– Belle ingratitude, dit Eva. Ils étaient là pour vous, et vous avez eu la chance qu’on passe un peu plus tôt !

Ce n’était pas tout à fait exact, se dit Léo. Ils avaient bien été les poissons-pilotes des truands et de la police. Et la police n’était sans doute pas loin… Il se pencha sur Rambeau.

– Nous devons maintenant trouver ces gens. C’est la seule solution. Et ils ont un projet d’enlèvement qu’il faut arrêter.

Rambeau ne disait plus rien. Il vérifia que le sac était bien là, et il se renfonça dans le creux de la banquette avec un soupir.

– Tu sais où tu vas ? demanda Léo

– Je sais toujours où je vais, mon chéri. Je connais ces petites routes par cœur.