Le Petit Déjeuner idéal

 

LE PETIT DÉJEUNER IDÉAL

Texte complet

 

PERSONNAGES

José, Julie

 

ACCESSOIRES

Une très belle table de petit déjeuner, avec nappe, serviette, et un beau service.

José est assis à la table, avec l’air vaguement ennuyé d’un gentleman anglais. Un silence. Il pousse un imperceptible soupir. Devant lui, la table est prête avec deux couverts. Il n’a touché à rien encore.

JOSÉ – Julie ? (un silence. Un peu plus froidement) Julie ?...

JULIE – Voilà voilà, ça vient. (elle arrive avec une casserole de lait fumante et un dessous de plat)

JOSÉ – Qu’est-ce que c’est que ça ?

JULIE – Ben, le lait.

JOSÉ – Est-ce que tu es devenue folle ? Tu oses me servir le lait dans une casserole ? Remporte-moi ça immédiatement.

JULIE, soumise – Oui José.

JOSÉ – Trouve un pot à lait. Blanc, de préférence. Et tu passeras le lait. Qu’il n’y ait pas de peau.

JULIE – Oui José. (elle sort. José tambourine un instant des doigts sur le bord de la table. Julie revient) Il n’y a pas de pot à lait. Mais j`ai trouvé un broc blanc.

JOSÉ – Hmmf. Et le café ?

JULIE – Il passe.

JOSÉ – Il passe ?

JULIE – C’est presque fini de passer.

JOSÉ – Mouais. C’est long, tout ça. C’est très long. Pendant ce temps-là, j’attends, et le lait refroidit.

JULIE – Oui José. Excuse-moi José.

JOSÉ – Et... qu`est-ce que je sens, là ?

JULIE, se précipitant – Oh zut ! Les tartines !

JOSÉ – Eh bien, elles vont être belles, les tartines. (un temps. Julie revient avec les tartines dans un petit panier d’osier, garni d’une fine serviette)

JULIE – Non, ça va, elles sont bien. Mais c’était juste ! (José ne répond rien, mais n’en pense pas moins. Julie va et vient, rapporte le café, le beurre, les confitures) Voilà, c`est prêt. Je peux te servir ? (Il lui fait signe d’y aller. Elle prend la cafetière, verse dans son bol)

JOSÉ – Doucement, avec le café. Voilà, ça suffit. Stop, je te dis !

JULIE – Oh pardon.

JOSÉ – Voilà. Tu m`as mis trop de café. J`ai trop de café, maintenant. Je t’ai dit « ça suffit ››, et il fallait t’arrêter. Pourquoi est-ce que tu ne t’es pas arrêtée ?

JULIE – Excuse-moi, José, je vais prendre ton bol. (elle fait l’échange, reprend la cafetière, verse très doucement)

JOSÉ – Ça va comme ça.

JULIE – Un peu de lait ?

JOSÉ – Un peu. Oui. (elle verse avec des précautions exagérées) Bon, ça suffit. Sers-toi, et remporte le café et le lait au chaud avant de t’asseoir.

JULIE – Oui, José. (elle se sert, et dans le mouvement fait tomber un couteau â beurre par terre)

JOSÉ – Qu’est-ce que c’est ?

JULIE – Un couteau qui est tombé par terre. Je le ramasse. (elle le ramasse, et le repose sur la table)

JOSÉ – Qu’est-ce que tu fais ? (elle s’arrête, interdite) Tu viens de reposer ce couteau sur la table ? Tu as l’intention de t`en servir ? Ou tu supposes peut-être que je vais m’en servir, moi ? Un couteau qui a traîné par terre ?

JULIE – Non José. Je vais aller le changer. (elle emporte le lait, le café, puis le couteau. Revient avec un couteau propre)

JOSÉ – Assieds-toi, le café refroidit. Et tu vas me faire une tartine.

JULIE – Attends, mes dix minutes sont terminées.

JOSÉ, qui regarde sa montre – Déjà ?

JULIE – Ça me faisait jusqu’à et-quart, et il est et-quart. (soupir de José. Elle s’assoit) Debout. Tu vas me préparer une tartine de beurre et confiture.

JOSÉ, se levant – Oui Julie.

JULIE – Au fait, tu me mettras du sucre. Deux morceaux. Un peu plus de beurre sur la tartine. De la confiture de fraises. Mais qu’est-ce que tu fais ? Je t’interdis d’utiliser le couteau à beurre pour la confiture ! Va chercher une cuillère !

JOSÉ, courant – Oui oui.

JULIE – Oui qui ?

JOSÉ – Oui Julie.

JULIE, qui s’étire – Aaaaah !... Rien de tel pour se mettre en forme pour toute la journée ! Un bon petit déjeuner ! N`est-ce pas ?

JOSÉ – Oui Julie.

JULIE. ~ Ça vient, cette tartine ?

JOSÉ – La voilà, la voilà.

JULIE – C`est long.

JOSÉ – Excuse-moi, Julie.

La lumière baissera doucement, mais ça pourrait durer encore un moment.

 

 

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