En amour comme à la guerre

 

Charlotte est dans sa chambre, écoutant au loin les bruits de la dernière bataille en ville. Mais un fuyard vaincu s'introduit dans sa chambre et la menace avec son revolver. Il est protégé par Charlotte et sa mère, et s'enfuit sain et sauf.

Le lendemain, le général victorieux, père de Charlotte, regagne à la maison. Puis revient Bruno, héros de la bataille de la veille, et fiancé de Charlotte. Mais Bruno profite d'un moment où il est seul pour tenter d'embrasser Lola, la jolie domestique.

Arrive Manteiga, le fugitif de la veille, qui est mandaté pour régler le problème des prisonniers, des réfugiés, etc. Il revient aussi pour Charlotte, sans doute, et commence un réjouissant chassé-croisé amoureux à l'insu du général et de la mère de Charlotte.

 

 
En amour comme à la guerre.
Adaptation africaine.
8 personnages, qui peuvent être joués par 7 comédiens.
2 décors.
Durée 1h50.

 

 

Arms and the Man, la comédie de George Bernard Shaw, prenait pour décor la guerre serbo-bulgare de 1885, avec deux armées improbables que Shaw tournait en dérision. Et la pièce, extrêmement bien construite, jubilatoire du début à la fin, avait eu un grand succès. La tentation était facile d’adapter la situation en Afrique, avec des milices Nzinzi et Bouzou, en respectant les personnages hauts en couleur, le Général, les deux jeunes filles, le héros, le soldat de fortune.

La compagnie Le Rideau de lianes a créé la pièce en 1996, dans une mise en scène de Bernard Sallé, rencontrant partout un grand succès populaire. En juin 1997 éclatait une guerre civile au Congo, intéressant principalement les milices Mbembé et Mbochi. Les morts se sont comptés par dizaines de milliers.

 

 

« Bruno. – Charlotte, notre beau roman s’effondre. La vie est une farce. Il ne faut pas la prendre au sérieux.

Manteiga, à Charlotte. – Vous voyez, lui aussi s’est dévoilé.

Bruno. – Manteiga, je vous ai provoqué en duel quand je croyais que l’amour était une chose extraordinairement importante. Maintenant, je sais que tout n’est que dérision, la vie, l’amour... Je pourrais me battre contre un homme d’honneur, mais vous n’êtes pas un homme de cette trempe.

Manteiga. – Ah non ?

Bruno. – Vous n’êtes qu’un soldat de métier, prudent, calculateur... Je vous ai bien admiré, tout à l’heure, tandis que vous organisiez jusqu’au moindre détail le retour des réfugiés.... Je vous ai admiré, et en même temps je vous ai un peu méprisé, de faire étalage de ce talent de bricoleur, de contremaître...

Manteiga. – C’est tout à fait vrai, je suis un homme comme ça. Pour moi, la vie est une chose sérieuse, qu’il faut construire, non pas avec des grands mots, mais avec des petits actes...

Bruno. – Boutiquier !

Manteiga. – C’est de famille. Et là-dessus, sur ces bonnes paroles, puisque rien ne me retient, je vais prendre congé et vous laisser à votre bonheur.

Charlotte. – Vous en parlez bien légèrement, de notre bonheur. Vous oubliez son nouvel amour ?

Manteiga. – Nouvel amour ?

Charlotte. – Lola. J’ai une rivale, figurez-vous. Et peut-être bien que son rival voudra se battre en duel, lui aussi ?

Bruno. – Quel rival ?

Charlotte. – Nicolas ! (Il la regarde avec des yeux ronds.) Tu ne savais pas qu’ils étaient fiancés ?

Bruno. – Lola, fiancée avec Nicolas ?

Charlotte. – Une jolie fille, fière, une jeunesse pleine de vie, fiancée avec ce vieux rabougris ? Dommage, n’est-ce pas ? »