Le Songe d'une nuit d'été

 

Hermia et Lysandre s'aiment, alors que le père d'Hermia veut la donner à Démétrius, qu'Héléna aime, alors qu'il ne l'aime pas. Lysandre et Hermia fuient dans un bois près d'Athènes, et Héléna et Démétrius les suivent. Là, vit Obéron, le Roi des fées, qui est en conflit avec Titania, la Reine des Fées. Obéron demande à son lutin Puck de rendre Démétrius amoureux d'Héléna, mais Puck se trompe de garçon. Par ailleurs, une troupe amateur d'artisans vient répéter dans le bois une pièce pour le mariage du Prince, et Puck dote le plus stupide d'entre eux d'une tête d'âne. Et Obéron envoûte Titania pour qu'elle devienne amoureuse de l'âne. Heureusement, tout se terminera bien, et les artisans joueront devant le Prince et ses invités un drame changé involontairement en farce.

 

 

Il est sûr que, au moment d'écrire Le Songe d'une nuit d'été, Shakespeare est en pleine possession de son art. Et il ose tout : il place une bande d'artisans londonniens dans son Athènes mythologique, et il termine par une pièce dans la pièce, une grossière farce qui se moque du Roméo et Juliette qu'il vient d'écrire. Les thèmes magiques, fées, lutins, sont ceux de la vieille Angleterre, et inspireront jusqu'à Tolkien au XXe siècle. Mais le mélange est réussi, créant un univers à part, fantaisiste et poétique, d'une étonnante jeunesse.

 

 

« Obéron – Ce dénouement dépasse mes espérances. Mais as-tu envoûté les yeux de cet Athénien avec le philtre d’amour, comme je te l’avais demandé ?

Puck – Je l’ai surpris en train de dormir, c’est chose faite. Et l’Athénienne était à ses côtés, à son réveil, il n’a pu que la voir.

Entrent Démétrius et Hermia.

Obéron – Reste avec moi : voici justement l’Athénien.

Puck – C’est bien la dame, mais ce n’est pas l’homme.

Démétrius – Oh, pourquoi repousse-tu ainsi quelqu’un qui t’aime tant ? Garde tes propos cruels pour ton cruel ennemi.

Hermia – Je me contente de te faire des reproches. Mais je devrais te traiter bien autrement. Tu m’as donné, j’en ai peur, une raison de te maudire. Si tu as assassiné Lysandre dans son sommeil, si tu baignes déjà dans le sang jusqu’aux chevilles, achève de t’y tremper et tue-moi aussi. Le soleil n’est pas plus fidèle au jour que Lysandre envers moi. Aurait-il abandonné son Hermia endormie ? Je croirais plutôt qu’on pourrait percer cette Terre de part en part, et que la lune, en traversant par le centre, est allée aux antipodes déranger son astre frère. Non, il faut que tu l’ais assassiné. Ce visage livide avec ce regard farouche est celui d’un assassin.

Démétrius – C’est plutôt celui d’un assassiné, puisque c’est ce que je suis, percé jusqu’au cœur par ton inflexible cruauté. »